Snuipp Espagne

Réforme des retraites

Gardons les yeux grands ouverts ! Le pire est à venir !

Suite à la pandémie dans laquelle les pays surnagent depuis plus d’un an, la commission européenne a prévu de débloquer 750 milliards d’euros pour soutenir les économies des différents membres. A ce titre l’Espagne devrait percevoir près de 70 milliards d’aides et la France 40 milliards.

La commission européenne impose qu’au moins 37% soient consacrés à la transition écologique et au moins 20% à transition numérique et charge à chaque pays d’engager à des réformes structurelles.

Ces contreparties doivent être détaillées dans le plan de relance de relance établi par chacun des membres.

La France a présenté son plan de relance de 100 milliards incluant les 40 de subventions de Bruxelles. On y trouve bien les volets des transitions numérique et écologique mais aussi sous-jacents,  2 sujets bien épineux ont refait surface aussi :

• Les « nouvelles » mesures inquiétantes concernant l’assurance chômage prévue à compter de juillet.
• La réforme des finances publiques et vous l’aurez compris, la réforme du système des retraite a fait de nouveau son irruption, même si le ministre du Budget lors de sa présentation devant les membres de la commission de l’Assemblée Nationale, a voulu nuancer son propos en disant que ce volet n’apparaissait pas en tant que tel dans le plan de relance , mais tout en affirmant que « dès que la situation sanitaire et économique le permettra » , cette réforme sera relancée ! Encore et toujours du en même temps ! Le projet de réforme présenté fin 2019, est donc actuellement suspendu au motif de la crise sanitaire, mais n’est pas abandonné du tout ! Tel le phénix, il pourra renaitre de ses cendres!

Notons au passage que ce plan de relance ne consacrera que 7,7 milliards d'euros de dépenses en faveur de la recherche, du système de santé et de la cohésion territoriale. Bien maigre quand on a pu mesurer depuis le début de la pandémie,  à quel point le système de santé est en souffrance!

D'ailleurs, les mêmes interrogations se font jour sur une réforme des retraites, encore une, également en Espagne, et toujours sous l'alibi du versement des subventions européennes. La couleur politique du gouvernement importe peu, l'économie libérale tient les rênes de l'Europe et entend bien venir à bout des acquis sociaux des retraités! Eh non, les décès en nombre liés au COVID n'ont pas suffi aux rapaces ! Après avoir très chèrement payé le prix du virus, nos anciens seront aussi mis largement à mal et à contribution au motif des subventions pour lutter contre  la crise massive succédant aux vagues virales...

Cette réforme en profondeur et au détriment des travailleurs et travailleuses du système de retraites est donc toujours d’actualité ! Simplement la lutte sanitaire contre le COVID l’a reléguée au second plan, mais ne doutons pas pas qu’en brandissant le plan de relance, la croissance, le gouvernement, lui a toujours idée de faire passer cette loi, dès qu'il en aura l'opportunité !

Les enseignants  figuraient et figurent toujours en bonne place des victimes de ce nouveau système ! 

En calculant les retraites sur l’ensemble de la carrière (salaires et primes incluses) au lieu des 6 derniers mois, comme à présent,  les enseignants seront les grands perdants car la progression des salaires des enseignants ne s’opèrent qu’en fin de carrière.

Il est reconnu, que de toute la fonction publique, les enseignants ne touchent que très peu de primes comparés aux autres corps. Et comparés à ceux du second degré , les enseignants du premier degré, avec cette réforme, se retrouveront  bien plus lésés encore, touchant  de facto moins de primes que leurs pairs du secondaire.

Selon l'INSEE le salaire des enseignants serait inférieur de 25% au salaire moyen des autres cadres A de la fonction publique. Calculer la retraite enseignante sur toute la carrière au lieu des 6 derniers mois ferait chuter énormément le montant de la retraite.

Alors pour contrer les fortes grèves de décembre 2019  le gouvernement a évoqué 10 milliards, un temps,  somme nécessaire pour atténuer l’effet de cette réforme sur le montant des retraites des enseignants. Mais quid de la loi de programmation pour organiser cette montée en puissance des salaires enseignants ? On n'en entend plus parler. 

Au final, c’est de l’ordre de l’aumône, puisque la revalorisation n’a porté que sur seulement 400 millions et pour 69% des enseignants elle s'est limitée à 12.50€ par mois.

Alors le soi-disant plan de revalorisation prévu sur 10 ans laisse songeur, on l'attend toujours!

Parions que ce gouvernement maltraitant de ses personnels, saura les culpabiliser suffisamment pour faire passer son projet inéquitable et aussi passer aux oubliettes les 10 milliards envisagés au départ !

Tellement soucieux de l’avenir de sa jeunesse et du système éducatif, le plan de relance ne fait pas non plus mention de grand projet éducatif!

Avec le SNUipp FSU, gardons les yeux grands ouverts, le pire est encore devant nous, et il faudra se battre, de Varsovie jusqu'à Madrid en passant par Paris pour contrer le grand démantèlement libéral de nos retraites...