Snuipp Espagne

La crise de la COVID-19 nous a apporté son lot de mesure sanitaire, confinements ou non, couvre-feu, aux travers d'injonctions gouvernementales toutes plus contradictoires les unes que les autres. Les médias et autres réseaux sociaux ne faisant que rajouter à notre confusion et à la pression que cela engendre, nous finissons par perdre tout esprit critique derrière ce "rideau de fumées".

Dans les lycées français à l'étranger cela peut se traduire par un repli sur soi, un collectif parfois inexistant, et surtout, peu à peu, notre éloignement de notre réalité de résidents et expatriés fonctionnaires français à l'étranger chargés de dispenser une éducation française, lorsque la pression de certaines critiques parentales vise, de toute force, à nous apprendre notre métier en présentiel ou en distanciel.

Le ministre Blanquer,  profitant de cet état brumeux dans lequel se trouve la population, accélère le pas du démantellement de l'Education Nationale, à chacune de ses propositions. 

Dans le budget 2021, la nécessaire revalorisation des personnels ne trouve qu’une traduction

minimale avec 400 millions d’euros prévus. C’est très peu pour les personnels, et de fait

l’essentiel des mesures proposées pour 2021 ne concerneront qu’une minorité de collègues.

Les AED et les AESH en particulier ne se voient rien proposer.

Le Grenelle du ministre est inacceptable, d’autant plus qu’il vise à modifier en profondeur le

fonctionnement de l’école, les missions et les statuts des enseignant-es. Simulacre de concertation,

il porte une conception du métier réduite à l’application d’outils conçus par des groupes

restreints d’experts connivents avec les orientations du ministre. Une méthode de

lecture officielle est en projet, bafouant les principes démocratiques de liberté éditoriale et pédagogique. Le conseil supérieur des programmes travaille à une réforme qui entend subordonner la maternelle à l’élémentaire et soumettre les plus jeunes aux dangers des évaluations standardisées.

A côté de cela, Blanquer ne prend pas la mesure de l’augmentation des effectifs, de la

situation sanitaire qui impose particulièrement des mesures pour faire baisser les effectifs

d’élèves par classe à court et moyen terme et de l’état de fatigue des personnels, déjà épuisés par

des années de dégradation des conditions de travail.

A l'étranger, le manque d'investissement devient criant, les ISVL ne bénéficient plus d'une enveloppe globale suffisante, on retire toujours l'ISAE pendant leurs congés maladie aux personnels, ce qui constitue une incongruité juridique, on continue à rayer de la carte les postes de résidents. De surcroît, l'absence de cadrage officiel raisonnable de l'enseignement à distance permet à certains parents clients de réclamer à peu près tout et n'importe quoi. Pour certains hiérarques déments, le droit à la déconnexion n'existerait pas dans la fonction publique. Au nom de l'urgence et de l'adaptation, on grignote notre temps personnel familial et de repos sous prétexte de nous former. 

Il est grand temps de se manifester à nouveau en tant que fonctionnaires français pour la protection de notre école et le respect de notre pédagogie spécifique et de nos méthodes qui ont fait leurs preuves.  Et si cela rappelle à certains parents qui n'assument pas leurs choix à comprendre que leurs enfants sont à l'école française, avec une méthodologie, des programmes français et des professeurs employés par la République Française et pas par leurs associations, cela sera tant mieux! 

Dans nos lycées français à l'étranger, comme en France, l'urgence de refaire nôtre l'enseignement à la française, de revaloriser notre métier d'enseignant et de faire valoir nos droits et libertés sont autant de bonnes raisons de faire grève le mardi 26 janvier 2021 !