Un si calme 5 octobre... et pourtant...
Malgré les nombreux motifs de préoccupation au sein de la Fonction publique et le climat nauséabond qui plane sur notre pays, la rentrée sociale a eu lieu plus tard que d’habitude.
Mardi 5 octobre, 160 000 personnes (85 400 selon les forces de l’ordre) ont répondu à l’appel à la grève de diverses organisations syndicales contre la politique d’austérité à l'œuvre depuis trop longtemps.
Partis de 200 points de rassemblement répartis sur l’ensemble du territoire, les manifestants issus du secteur public comme privé en passant par les organisations de jeunesse, ont notamment dénoncé la réforme de l'assurance-chômage entrée en vigueur quelques jours plus tôt (1er octobre) et le projet de réforme des retraites auquel M. Macron ne semble toujours pas avoir renoncé. Dans le viseur et en filigrane, la politique néolibérale et verticale pratiquée par le gouvernement à tous les étages qui suscite exaspération et inquiétude.
La justification de ces politiques de rigueur par l’impératif de redressement économique suite à la pandémie du Covid-19 est battue en brèche par l’augmentation vertigineuse du patrimoine des 500 plus grandes fortunes françaises durant la crise sanitaire (30%). Qui peut encore le nier, le torpillage progressif de la fonction publique et des droits sociaux est un choix politique qui ne date pas d’hier mais se drape de moins en moins de boniments. Existe-t-il démonstration plus limpide et violente que la suppression des lits d’hôpital en pleine crise sanitaire (5700 en 2020) suivie d’un discours présidentiel responsabilisant exclusivement les citoyens face aux épisodes de recrudescence des cas de covid ?
Ces impératifs de rendement comme cette communication verticale se retrouvent dans le domaine de l’éducation en la personne de M. Blanquer, fidèle et inamovible lieutenant de la Macronie, dont les dernières annonces sur l’augmentation du salaire des enseignants ne trompent personne. Pompier pyromane et cynique, notre ministère français au lieu de revaloriser une profession qui n’éveille plus les vocations, supprime des postes et multiplie les contrats précaires, érodant toujours plus les bases d’un système éducatif de qualité.
Symbole des tendances libérales anglo-saxonnes, la loi Rilhac, adoptée fin-août à l’Assemblée nationale, transforme les directeurs pourvus d’un statut hiérarchique en vigie de l’institution en même temps qu’il les isole dans le fonctionnement de nos écoles primaires. Que dire de la précarisation des contrats AESH, rares et nécessaires présences pour l’accompagnement des EBEP dont l’impératif d’inclusion grande ouverte brille de bonnes intentions dans les discours mais souffre cruellement de réalisme sur le terrain, à l'étranger aussi ?
À la veille des échéances électorales et au lendemain d’une crise sanitaire qui a fait les dégâts économiques, psychologiques et sociaux que nous savons, il apparaît fondamental et urgent d’exiger en France comme à l'étranger la revalorisation de notre profession et la restauration d’une éducation comme d’une société digne, humaine et forte, plaçant l’élève comme le citoyen au coeur des préoccupations.
La mobilisation de cette journée du 5 octobre, faible en France (4%), inexistante dans le réseau d’enseignement à l’étranger ne révèle pas l’inquiétude qui doit être la nôtre. La timidité dans la manifestation de cette inquiétude, légitime dans le contexte de la crise sanitaire, ne doit pas s’installer toutefois.
C’est l’avenir de notre système d’enseignement, de notre métier et de notre société qui est en jeu. Le SNUipp Hors de France appelle à une semaine d’actions du 22 au 26 novembre.
Quelle que soit la nature de la mobilisation, il nous faudra être présents, visibles et audibles pour ne pas offrir un silence valant approbation à celles et ceux qui nous gouvernent.
https://www.education.gouv.fr/mouvement-de-greve-du-mardi-5-octobre-2021-325586
https://snuipp.fr/actualites/posts/loi-rilhac-mauvaise-direction
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