Présidentielle 2022 : Macron s'attaque au temps de travail des enseignants
Présidentielle 2022 : Macron s'attaque au temps de travail des enseignants
Article de Marie-Christine Corbier- Jeudi 6 janvier 2022 - Les Échos
C'est d'une certaine manière la première proposition de campagne pour l'école du quasi-candidat à l'élection présidentielle . Et elle va faire débat. Dans son interview au « Parisien », Emmanuel Macron lie l'augmentation du salaire des enseignants - qu'il faut « améliorer » - au « temps de l'enseignement » qui « n'est pas satisfaisant par rapport au nombre d'enseignants embauchés ».
Le chef de l'Etat fait explicitement référence à une note de la Cour des comptes publiée mi-décembre . Les magistrats financiers y recommandent de réorganiser le système scolaire autour des chefs d'établissement et d'intégrer une forme de rémunération au mérite des enseignants dont le temps de travail serait annualisé.
« Repenser la fonction »
Le système actuel est « trop rigide », estime Emmanuel Macron qui veut, « comme pour les soignants, […] redonner du sens sur le terrain ». « Il faut revaloriser les salaires , certes, mais surtout repenser la fonction, poursuit-il. Le sujet, c'est le temps scolaire et la liberté qu'on peut donner à certaines écoles de bâtir leur propre projet pédagogique selon leur territoire. »
C'est le projet d'« école du futur » , avec une certaine autonomie de recrutement du chef d'établissement, qu'Emmanuel Macron a commencé à dessiner à Marseille en septembre dernier. Le chef de l'Etat avait d'ailleurs indiqué que l'expérimentation marseillaise pourrait être « généralisée » si les résultats étaient « concluants ».
« L'idée, qui pourrait être une grande réconciliation avec les enseignants, serait de mieux valoriser le temps extrascolaire qui pourrait être aussi bien de la formation que des réunions entre enseignants, voire du périscolaire », décrypte le député LREM Sacha Houlié, impliqué sur les questions d'éducation dans le cadre de la préparation de la campagne.
Ce qui suppose de modifier les obligations de service des enseignants, un sujet hautement sensible pour les syndicats. Sacha Houlié décline cette revalorisation annoncée en « trois leviers » : d'abord, « prendre en compte ce qui est déjà fait et le valoriser pour augmenter le salaire » - c'est l'augmentation de base, en quelque sorte ; ensuite, « diversifier les tâches complémentaires qui peuvent porter sur le périscolaire ou la formation durant les vacances scolaires » ; enfin, la rémunération pourrait être encore « améliorée » pour ceux qui prendraient en charge certaines missions « comme le remplacement ». Cela se ferait « d'abord par expérimentation sur la base du volontariat ».
Récompenser « les amoureux du métier »
Il y aurait donc « une valorisation de l'existant pour mieux rémunérer ce que font déjà les enseignants, récompenser le bon travail, et distinguer ceux qui font un bon travail de ceux qui font un travail meilleur encore », poursuit le député. Les engagements en réseau d'éducation prioritaire et le nombre de réunions parents-professeurs réalisées pourraient donner lieu à un complément de rémunération. Les obligations de service seraient ainsi « diversifiées » et récompenseraient les enseignants qui s'impliquent dans des sorties scolaires ou dans le périscolaire.
Le député cite aussi le cas d'écoles maternelles dans sa circonscription où certains enseignants « déploient des trésors d'inventivité pour aider les élèves à rattraper des difficultés de langage ou de vocabulaire ». « C'est ce type de démarche qui mériterait d'être valorisé », poursuit-il. Dans l'Education nationale, on sait très bien qu'il y a des enseignants qui ont 1.000 projets et c'est ceux-là qu'on veut récompenser », ce sont « les amoureux du métier ».
La revalorisation serait, de fait, liée à une annualisation du temps de travail, au lieu des durées hebdomadaires qui régissent aujourd'hui le statut des enseignants. La différenciation du temps de travail pourrait même être non pas annuelle mais « sur la carrière », avec des temps de travail « plus importants pour certaines catégories d'âge et moins pour d'autres », glisse Sacha Houlié.
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