Classe sous le signe COVID: bientôt le ras-le-bol en 2021?
Le SNUipp Espagne appelait lors du premier mois de cette année scolaire au calme. La situation de rentrée était compliquée, malgré la satisfaction de revenir en présentiel. Des classes "bulles", des séparations dans les cours, des horaires en mode "glissant" ne permettant plus aux enseignants de se voir... Ici des plexiglass, là l'interdiction d'avoir recours aux protections écrans et donc la recherche désespérée d'espaces suffisants pour maintenir les distances de sécurité, ailleurs une certaine absence de moyens mis en oeuvre en raison des coûts trop élevés pour les établissements. Sur les masques, les choix et les politiques dépendaient aussi des consignes des régions mais aussi des directions des établissements. Une constante partout, cependant nous était servie : il ne faut pas fâcher les parents ! Les clients ! Si on est confinés, il faudra faire plus de classes en visioconférence, ils ne veulent que ça...
D'ailleurs les premiers élèves ou enseignants placés en quatorzaine ou en "dizaine" ont vu surgir tous types de demandes, qui allaient de la satisfaction de notre revendication mesurée d'utilisation des horaires de langues pour le suivi à domicile au délire de la caméra allumée en permanence en classe ou du maître sur écran géant s'adressant à une classe en présentiel. Big brother is watching you...
Les premières classes complètement confinées ont vu, voient fleurir partout les "protocoles". Là encore, les personnels sont traités selon les établissements avec des exigences différentes, certaines ne prenant pas en compte tout simplement la réflexion des collègues, le bon sens et le temps qu'il est possible de consacrer au télé enseignement avec des parts raisonnables synchrone/asynchrone. Les dernières instructions à ce sujet des têtes plus ou moins pensantes de la Direction de l'Enseignement de l'Orientation et de la Formation (DEOF) de l'Agence, émises par des personnels manifestement complètement hors sol, sont loin de favoriser une réflexion sereine, dans le souci de contenter absolument toute la "clientèle", y compris les énervés.
Car il faut bien le dire, selon les communautés parentales, on retrouvait, on retrouve, le même réduit plus ou moins important de mécontents chroniques des "je paye donc j'exige", toujours criant plus fort que les autres, alors que l'immense majorité des parents est satisfaite des efforts accomplis par tous les collègues lors des confinements du dernier trimestre 2019 2020.
On entend maintenant de la part de ces aigris le "si une classe est confinée, il ne faut pas que ça recommence comme en mars 2020" Ah bon ? Mais qu'est ce qui au juste a commencé en mars ? Les enseignants de leurs enfants se sont tournés les pouces ? On a surtout l'impression que certains parents rejettent sur l'école leur incompétence technique à utiliser une adresse courriel (oui, il y a des parents qui ne savent toujours pas s'en servir correctement), ou à faire en sorte que l'enfant ouvre ses messages, lise le programme de travail et soit capable d'une connexion matériel en main à une heure demandée. Ce qui est de plus en plus sûr c'est qu'un petit groupe d'incompétents notoires voulant nous apprendre notre métier et surtout se débarrasser de tout problème technique et de leurs enfants par la même occasion, voudraient que les classes confinées soient en visio plus de 5 heures par jour. Pédagogiquement, nous le savons, c'est foncièrement contre-productif pour les élèves, pour nous, c'est intenable car notre temps qui inclut aussi une large préparation du travail asyncrone n'est pas extensible.
Selon les établissements, on assiste maintenant à des situations inégales. C'est du chacun pour soi au niveau des différentes directions, et si pour certains établissements, nous constatons qu'il y a réflexion et écoute des équipes (Madrid) dans d'autres c'est l'injonction verticale qui prime (Valence, Malaga, et même Alicante)
Les équipes font tout ce qu'elles peuvent et sont très fatiguées. Les collègues sacrifient leur temps personnel pour se former. Dans les établissements où la direction veut imposer son mode de fonctionner sans concertation ni écoute, comme à Malaga ou Valence, c'est le plus grand malaise qui règne, voire la souffrance au travail. Des drames regrettables se sont produits, il y en aura d'autres si on ne nous écoute pas.
De fait, le CHSCT de l'Agence a demandé l'organisation d'une enquête à Valence sur les risques psycho sociaux et s'est déclaré prêt à rencontrer tous les personnels en mode virtuel. Covid ou pas, il y a eu à Valence trop de dénigrement, trop de cynisme, trop de maltraitance vis a vis des subordonnés de la part de personnels chargés d'autorité ces dernières années et la situation depuis la dernière rentrée n'a fait qu'empirer.
Nous pensons que grâce à la crise Covid, la direction semble croire que tout esprit de protestation a maintenant quitté les personnels. Les gouvernants actuels se servent bien de la crise sanitaire pour passer au rouleau compresseur droits et libertés, alors pourquoi notre administration de tutelle, qui a toujours été le parfait reflet de ce qui se passe au plus haut niveau de l'état, ne ferait-elle pas de même?
Le SNUipp Espagne met en garde ici la tutelle et l'administration de l'AEFE : à l'étranger comme en France, si on n'écoute pas les gens ou on croit les écouter à travers les filtres hypocrites et complaisants de carriéristes triés sur le volet, le couvercle de la marmite finira par sauter. Les personnels se remettront en grève. En distanciel ou en présentiel, les collègues au bout du rouleau, malgré leur grande bonne volonté depuis le début de la crise, pourraient tout bloquer si on les pousse à bout.
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